Matthieu Gafsou

Extime

Du 22 au 25 juin 2007

vendredi 22 juin – lundi 25 juin, 2007 le vendredi 22 juin 2007 dès 18h00

Photographies de Matthieu Gafsou.

Musique de David Guyot.

Vernissage le vendredi 22 juin à 17h

L'exposition se poursuit:
samedi de 11h à 19h,
dimanche de 11h à 17h
lundi de 11h à 17h

On croit volontiers que l'espace public est un écrin pour ceux qui s'y déploient, qu’il offre aux individus une matrice en adéquation avec leur intimité. Mais il se heurte pourtant irrémédiablement à l'intériorité et agit comme une contrainte. Certes, l'expérience quotidienne ne révèle pas cet état: la violence subie au supermarché ou dans une rue n’est pas perceptible comme une souffrance. Au-delà de sa dimension fonctionnelle, l'espace public témoigne des goûts, des pratiques et des modes d'une société. Telle statue ou place de jeu sont autant de signes de la façon dont notre rapport au monde s'organise mais aussi de la façon dont il est codifié, normé.

L'espace public est aussi le lieu nécessaire de la rencontre; c’est lui qui assure dans nos cités organisées la possibilité des interactions. Vidé de la présence humaine, il s’abîmerait dans l’absurde. Le pouvoir des espaces publics à conditionner notre façon d'être et d'agir, je l’appelle extime, par opposition à l'intime, cet espace intérieur qui est propre à chacun. L'extime est cette aptitude collective à s'inscrire dans un contexte social, à évoluer dans une géographie humaine. Dans la série éponyme, j’interroge le statut de notre relation à l’espace bâti, aux signes. Que devient tel monument (une usine ou un manège le sont au même titre qu'une sculpture) lorsqu'on l'extrait de son contexte, de sa finalité? Peut-on appréhender et habiter l'espace public autrement que de façon stéréotypée? Le bal ritualisé du quotidien se joue avec une telle efficacité que son artificialité nous échappe.

Souvent, le réel semble disparaître des photographies d'extime, rappel de l‘impossibilité d’appréhender objectivement ce qui nous entoure; surgissement de la fiction comme évocation d’une réalité dont on ne sait, de toute façon, de quoi il en retourne vraiment. Il s’agit de susciter doute, inquiétude, étrangeté voire ironie – sentiments bien réels qui témoignent de notre extimité, tout comme la gaucherie ou les rêveries de promeneurs égarés dans leur solitude.

Ainsi, l'espace public apparaît comme le théâtre de la vie; tout y est simulacre, de notre façon d’agir à l’organisation des matières et de l’espace. La photographie intervient comme l’outil qui, paradoxalement, possède ce pouvoir de témoigner non pas du réel, mais du monde en tant que scène de la plus grande des comédies.

Matthieu Gafsou